mercredi 17 avril 2013

De la figurine et du jouet, quelques réflexions.

Le jeu de figurines peut se retrouver sous des formes très diverses, selon les ponts que l’on lance entre tel et tel domaines. Certaines voies sont parfois considérées avec dédain, voir avec un amusement condescendant, comme s’il y avait un « chemin noble » dans le modélisme et un ensemble de sentiers épineux pour l’entourer.
Ainsi, il existe une guerre latente entre les joueurs de jeux de plateaux (qui ne sont jamais que nos classiques jeux de sociétés) et les amateurs de wargamme (ce qui n’est jamais qu’une extension des jeux de petits soldats de notre enfance) comme si un loisir valait mieux que l’autre. Bien sur, chaque camp prétend que SON loisir est le plus riche, le plus intelligent et le plus digne d’être mis en lumière.

Et pour un jeu comme Battle of Westeros, on fait quoi ? Les deux camps lapident le joueur ?

Au sein même des camps, des factions sont visibles. Ainsi, le joueur de figurines qui n’adhère pas à la partie modélisme de son loisir est vu avec dédain par les joueurs « complet » et à peine mieux considéré qu’un vulgaire joueur de jeux de plateaux. Ainsi, le peintre qui ne joue pas est admiré (ou non) pour ses talents au pinceau mais considéré avec un rien de pitié et énormément sollicité pour enfin « rendre son loisir complet ». Et cela sans compter, bien sur, les rivalités entre les différents types de jeux, et même les marques elle-même.
« Ouais, Eden, c’pas mal mais ça ne vaut pas Mordheim. »
« Franchement, c’est surtout les noobs qui joue à Warhammer, après, ils arrêtent ou passent à un vrai jeu. »
« Au moins, à BloodBawl, les joueurs sont motivés, ce sont des purs. »
« Pff, Bushido, c’est pas mal sculpté, mais ça sera mort dans l’année. »
J’en passe et des meilleurs.

Il y a quand même une « critique » que l’on voit souvent revenir : « ça fait trop jouet », « on dirait un jouet ». Souvent, l’amateur de jeux de figurines à une haute opinion de son loisir, quelle qu’en soit la raison. Il aime sa passion profondément, il éprouve un certain complexe à pousser du plomb… Que sais-je. En tout cas, il dénigre le monde du jouet. Son loisir est sérieux, il n’est pas un enfant poussant des petits soldats, il est un général menant son ost sur le champ de bataille !
Feu AT-43 a d’ailleurs essuyé nombres de critiques sur cette mode, à cause de son pré-peint. Horreur ! Une armée déjà peinte ! Mieux vaut encore du soldat couleur plastique mal collé qu’une abomination telle que celle-ci ! Déjà peint ? Mais c’est un jouet !

Ceci est donc un jouet. Ah. Bon.

Tout cela… Pour dire que le milieu du jouet et celui de la figurine ont quelques frictions qui semblent irrécupérables.
Pourtant, le lien peut aisément se faire. La figurine n’est guère éloignée du traditionnel set de figurines de soldats en plastiques. Un modèle d’un loisir peut facilement passer sur l’autre… Combien de créateurs de décors utilisent des voitures prises en magasin de jouet ? Combien ont utilisé pour faire un bâtiment, une route, un modèle récupéré des jouets de leur enfance ? Et a contrario, combien de gamins pour piquer les figurines de leurs parents et faire semblant de combattre avec ?

Certains jouets se rapprochent plus de notre loisir que d’autre. Deux marques phares émergent du lot, deux marques très prisées, par ailleurs, du public français : Playmobile et Lego.
Playmobile, bien sur, pour son aspect « poupée pour garçon », avec ses nombreux accessoires et ses figurines de toute les époques. Ce n’est pas pour rien que ce célèbre jouet à inspiré les concepteurs de règles amateurs, qui sont nombreux à proposer des systèmes maison pour utiliser figurines et décors de la marque européenne. L’extrême modularité des modèles aide grandement à se constituer de – superbes – armées très variées. 

 Mon Dieu ! Un jouet !

Lego, quand à lui, se démarque par la facilité de construction des décors et atmosphères propre au jeu. La chose est simple : on peut tout construire, ou presque, avec la petite brique danoise. Les amateurs de Lego proposent régulièrement de superbes dioramas qui, en un sens, n’ont guère à envier aux productions de peintres sur figurines ou concepteurs de décors reconnus. Certes l’aspect peinture est inexistant (et cela peut vite être un désavantage) mais l’imagination déployée pour utiliser les briques, détourner certaines pièces et renouveler les techniques de construction force l’admiration.
Si Lego attire moins les concepteurs de règles, on notera quelques exemples plaisant dont le sympathique Strike Frame Zero, proposant des affrontements de méchas aux couleurs variées. Les règles – en anglais et totalement gratuites – proposent même des instructions de montage afin de recréer les différents robots utilisés dans le jeu. 

Je trouve ça extrêmement chouette, pour ma part.

Bref, les liens entre jeux et jouets sont plus étroits que les amateurs de ces loisirs ne veulent bien le reconnaitre. C’est pourtant une excellente chose, propre à stimuler la créativité indispensable à notre loisir. Il serait grand temps que certains s’en rendent compte.

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